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#writever
1- Client

C'était probablement le client le plus énigmatique qui ne soit jamais venu à Planet Inc. La réceptionniste lui avait poliment enjoint de pénétrer dans la salle d'attente. L'homme, car il s'agissait bien d'un homme, originaire de la troisième planète du système Eskarela, était gros et âgé. Cette planète était encore divisée en états-nations, un vrai scandale au niveau de l'évolution.

Le Numéro Un venait d'un monde où ce genre de divisions tribales avait été éradiquées depuis longtemps et, où son peuple formait une seule et unique nation globale. Il observait ce client potentiel avec une mélange d'intérêt et de dégoût: cette peau orange, ces cheveux blonds coiffés de manière à former une houpette ridicule et ces petits yeux vides d'expression ne rendaient le personnage que plus suspect.


Écrit le 03/07/2023 sur https://piaille.fr/@ford_taunus Copyright Ford Taunus.
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#writever 3-Produit

Leur société toute entière était orienté vers la production et, de mémoire de gronk, jamais il n’en avait été autrement. Toute activité devait être productive en termes d’argent, de nourriture, de biens de consommation courants… Les petits eux-mêmes étaient des produits et, aucune femelle ne pouvait se soustraire à son devoir de procréation. Mais un intellectuel gronk s'était demandé si le peuple gronk ne perpétuait pas un système antérieur à sa propre existence.

Écrit le 03/07/2023 sur https://piaille.fr/@ford_taunus Copyright Ford Taunus
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4 - Licorne

Tous les animaux l'admiraient. En dépit de sa petite taille, elle avait mis en déroute les dragons les plus féroces, avait purifié les eaux des sources en y trempant sa longue corne pour permettre à tous de boire une eau claire et pure. La licorne paissait avec les chèvres et courait avec les loups, chantait avec les oiseaux et nageait avec les poissons. Seul le lion l'avait en haine car la licorne lui faisait de l'ombre, lui, le roi des animaux! #writever

Écrit sur https://piaille.fr/@ford_taunus 04/07/2023 Copyright Ford Taunus
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2- Corp #writever

Le fondateur et président-directeur général de la corporation se disait qu'il avait vécu trop longtemps tout en sirotant un verre de spervaree, un breuvage tiré d'une plante d'Amarita, qu'Unilco avait elle-même commercialisé comme élixir de jouvence.

Réservée exclusivement à ceux et celles qui avaient les moyens colossaux de se l'offrir, la découverte de cette panacée miraculeuse avait permis à Unilco de se racheter pour tous les êtres qu'elle avait tué avec ses produits de consommation courante qui, s'ils étaient parfaitement adaptés aux humains de Terra 3, étaient en revanche dangereux ou mortels pour d'autres espèces. Mais la corporation avait aussi investi des sommes colossales pour améliorer le sort des races arriérées en échange de l'exploitation des ressources de leurs planètes. "Après tout , on ne fait pas d'omelette sans casser les œufs..." pensa Jhon DePonkatez en faisant pivoter sa chaise de bureau pour faire face à la baie vitrée. Jhon DePonkatez était Unilco et Unilco était JhonDePonkatez. Il avait oeuvré infatigablement, pendant maintenant huit cents ans, pour l'édification de la compagnie.

Le spervaree avait ralenti son vieillissement mais ne l'avait pas empêché complètement. Il avait l'air d'avoir cinquante ans: grand et sportif, les tempes grisonnantes et le regard bleu acier, amateur de sensations fortes, il abusait encore régulièrement de ses secrétaires et s'encanaillait dans les quartiers à plaisir de la ville, sans que personne ne lui en tînt rigueur tant il était généreux. Mais son esprit était étrangement fatigué et l'inspiration le désertait de plus en plus souvent quand il s'adonnait à la satisfaction de son plaisir personnel en compagnie de jeunes filles et de jeunes garçons avec lesquels il ne supportait de faire l'amour qu'une fois... Il mourrait bientôt, se laisserait emporter dans le grand sommeil éternel, il le fallait.

Mais il était Unilco et Unilco était lui.

Écrit le 04/07/2023 sur https://piaille.fr/@ford_taunus
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5- Burn-out #writever
Depuis qu'elle avait été licenciée du journal où elle avait exercé comme correctrice pendant quatre ans, Agathe avait postulé à une cinquantaine d'emplois qui n'avaient débouché sur rien; elle avait enduré d'innombrables refus et récemment, avait été contrainte de subir six entretiens d'embauche pour le même poste avant d'être finalement informée par courriel qu'on ne la prendrait pas...

Elle avait arraché le cable d'alimentation de l'ordinateur. Burn-out! Elle n'en pouvait plus! Burn-out! Burn-out!

En hurlant, elle avait parcouru les pièces de son petit appartement en s'agrippant les cheveux des deux mains, comme pour se les arracher, avant de heurter le chambranle de la porte de la cuisine. Elle s'était affaissée, le dos contre le mur, secouée de sanglots.

Agathe a rallumé l'ordinateur longtemps après, les yeux encore rougis de larmes.

Hébétée, elle regardait fixement l'écran et a appuyé sur l'icône du navigateur pour accéder à ses mails. Ses gestes étaient lents et mécaniques. Elle avait reçu un nouveau message et s'est aperçue qu'il avait été envoyé en réponse à une demande d'emploi déjà ancienne. Un espoir ténu s'est rallumé en elle: avec empressement, elle a commencé à lire l'e-mail.
"Mademoiselle, nous vous remercions pour votre candidature mais nous ne pouvons pas vous proposez un CDI. Cependant, nous aurions besoin de vos compétences rédactionnelles: il s'agirait pour vous d'apprendre à une application d'IA à faire des corrections pendant une durée d'un mois. Passé ce délai, l'IA sera suffisamment formée pour que nous n'ayons plus besoin de vos services."

Agathe n'a pas eu la force de lire le reste du message.


05/07/2023 ©Ford Taunus
Originellement écrit sur https://piaille.fr/@ford_taunus
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Possédé par
La fureur d'écrire
Rien ne m'arrête
Mes désirs coulent
De mon cerveau
À mon stylo
À l'encre indélébile
Dont la pointe danse
Dans une chorégraphie millimetrée
Sur le papier blanc et rose
Des pages noyés de soleil
Calmement, en silence
Le jardin s'érige, secret
Inhabité
Seulement visité
D'ombres incolores
Et invisibles

Mais qui me lira!
Je n'en ai cure

Vieillesse

May. 3rd, 2023 11:59 pm
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À partir d'un certain âge
Les rêves n'existent plus
Remplacés par des regrets
On sent le poids de la vie
Dans ses os fragiles
Et la réalisation ultime
Qu'on ne possède rien
Et qu'on ne s'est jamais appartenu

L'amour

May. 3rd, 2023 11:56 pm
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J'ai toujours voulu rencontrer une femme
Et qu'on puisse s'aimer
Simplement
Sans fiançailles, sans mariage
Sans engagement
Sans enfants

L'amour pour de vrai

Nuages

May. 3rd, 2023 11:55 pm
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Une mer de nuages
Au doux ramage
Un flot cotonneux
À la queue leu leu
Sur la ligne d'horizon
Frappée d'ahuri son
Filante à l'infini
Ailleurs et ici

Abb

Jan. 14th, 2023 11:53 pm
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Comment ai-je pu survivre le monde seul?
Avant toi,

Un désert.

1975

Jan. 14th, 2023 08:13 pm
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Le poste de télévision noir et blanc s'éteint brusquement.
La lumière blanche et grise, avec ses ombres qui se meuvent, cède le pas à l'obscurité.
Ma mère allume une bougie.
En plein blackout, fasciné par la petite flamme dansante, je me brule les doigts en voulant la capturer. J'ai mal, mes doigts fument mais je persiste longtemps à vouloir attraper cette forme étrange que je vois pour la première fois de ma courte vie.

Les fenêtres de ciel ensoleillé flottent, disséminées sur un ciel de nuit aux dessus des immeubles, endormis à la pâle lueur de la lune.

Il ne reste plus rien. Je n'ai fait que passer.

Je n'ai retenu que les images d'un pays hors du temps.
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Il existait un magazine de science fiction en France qui s'appelait Fiction (par les éditions OPTA). J'ai pu le découvrir vers la fin des années 80, quand j'étais un ado, à la bibliothèque municipale de ma ville et je n'avais aucune idée que ce mag existait depuis les années 50. Je ne connaissais personne (ou très peu) qui lisait dans mon entourage et encore moins de la SF: je n'ai découvert des auteurs comme Ray Bradbury ou Clifford D. Simak qu'à la bibliothèque municipale, une véritable petite oasis au milieu du désert culturel et intellectuel où je me trouvais.

Fiction avait connu un véritable âge d'or durant les années 50 jusqu'à 70 mais ça, je ne le savais pas... Je n'avais non plus aucune idée que le magazine, sous la houlette de Daniel Walther à l'époque où je l'ai découvert, était en plein déclin et n'était plus que l'ombre de lui-même. Pourtant, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis abandonné à la lecture de quelques belles histoires... certaines m'ont tellement marqué que je m'en rappelle encore aujourd'hui et il m'arrive encore, quand j'ai un moment de temps, de faire des recherches en ligne pour retrouver les auteurs. A l'époque où j'ai connu le magazine, la plupart des auteurs publiés étaient américains. Seul ou deux auteurs (au grand maximum!) étaient français et leurs nouvelles placées dans les toutes dernières pages du mag, avant la section des critiques. Je ne prenais souvent même pas la peine de les lire et je le regrette maintenant.

En consultant cette ressource sur Noosphere, je me suis aussi aperçu que très peu de femmes étaient publiées dans le magazine: la revue dépendait d'un magazine américain, qui devait lui-même publier majoritairement des histoires écrites par des hommes donc je ne peux pas vraiment lui jeter la pierre. J'ai quand même pu découvrir des autrices comme Ursula K.LeGuin et une écrivaine probablement moins connue, Nancy Springer, qui m'a particulièrement influencé au niveau du style narratif avec sa nouvelle intitulé "Sérénité" (Serenity in English), que je ne suis pas parvenu à trouver dans la langue originale, car j'aurais bien aimé voir ce que l'histoire donnait en anglais.

Fiction a disparu en 1990 dans la discrétion la plus totale: je ne l'ai su que lorsqu'il était devenu évident que la bibliothèque ne la recevait plus... Quelques années plus tard, j'ai retrouvé des numéros dans les bacs à soldes chez Gibert Jeune, les mêmes que j'avais pu emprunter à la bibliothèque quand j'étais gamin. Je ne sais même pas ce qu'il est advenu d'eux; je soupçonne qu'une de mes ex- a dû les balancer dans la poubelle. Le temps a passé et la revue a été ressuscitée par deux fois, sans que je le sache d'abord et sans que je m'y intéresse plus que ça ensuite.

C'est un peu étrange de penser que je n'ai connu cette revue que sur le tard et alors qu'elle était déjà à son crépuscule. Mais je ne le savais pas: j'étais très jeune, ignorant encore de beaucoup de choses, et n'avais aucun élément de comparaison. Ce n'est pas pour autant que je n'ai pas adoré la lire et qu'elle ne restera pas dans mon souvenir comme l'une des meilleures revues de science fiction que j'ai jamais connu.

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Ford Taunus, the driveless car

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